Malgré les avis négatifs de l'ANSES et de l’EFSA, la Commission européenne prolonge l’autorisation du S-métolachlore !
Le S-métolachlore, fabriqué par SYNGENTA, est l’un des désherbants les plus utilisés en France ( plus de 2.000 tonnes en 2020) par les producteurs de maïs, de tournesol et de soja. Ses métabolites (molécules issues de la dégradation de l’herbicide) contaminent les sols, les eaux souterraines et eaux de surface, à des seuils très supérieurs aux seuils réglementaires.
C’est pourquoi l’Anses, après avoir donné un avis négatif, a confirmé le 20 avril 2023, le retrait du S-métolachlore malgré l’opposition du ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau.
La contamination des eaux souterraines par cet herbicide a été pointée du doigt aussi par l'autorité sanitaire européenne (EFSA). C’est pourquoi la Commission européenne avait d’abord proposé, fin mars 2023, de retirer l’autorisation du S-métolachlore.
Mais le Comité permanent des végétaux, des animaux, des denrées alimentaires et de l’alimentation animale (Scopaff) en a décidé autrement. Faisant fi des avis scientifiques et de la contamination de notre eau, il vient de décider de prolonger de seize mois supplémentaires la durée d’homologation de ce poison !
Ce revirement de la Commission européenne, malgré la gravité de la situation, atteste de l’influence considérable du Scopaff à Bruxelles. Ce même comité, dont l’opacité de ses membres, de son fonctionnement et de son financement pose question, s'est opposé à l’application du document guide 2013 de l’EFSA relatif à l’évaluation des risques pesticides sur les abeilles. Ce même document qui aurait pu sauver des milliards d’insectes pollinisateurs…
Encore un petit verre de chlorothalonil ? L’omniprésence du fongicide dans l’eau du robinet
Interdit depuis 2019 par la Commission européenne, puis en 2020 par la France, le chlorothalonil se retrouve pourtant aujourd’hui dans l’eau du robinet, via son métabolite R471811 qui dépasse la limite de qualité dans un tiers des échantillons d’eau analysés par l’Anses.
Le chlorothalonil est une matière active très utilisée par les céréaliers, dans plus de 150 préparations, malgré ses nombreux effets délétères :
- Pour la santé : lésions oculaires graves, irritation des voies respiratoires, allergie cutanée et potentiel cancérigène
- Pour l’environnement : très toxique pour les organismes aquatiques, entraînant des effets néfastes à long terme.
Cette contamination des eaux de surface et des eaux souterraines démontre, une fois de plus, la défaillance du processus d’autorisation de mise sur le marché des pesticides, l’absence de fiabilité de l’évaluation du risque, le refus délibéré de prendre en compte leurs externalités négatives ainsi que le coût qu’elles représentent - toujours, pour le contribuable victime, pollué-payeur.